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Manteau d'étoiles, l'haïku-blog de Richard

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Ce blog est né d'un haïku. Le voici ...

couché sur l'herbe
dans mon manteau d'étoiles
j'ai dormi

A tout moment, vous pouvez revenir à la page d'accueil en cliquant sur la bannière ou sur l'image de droite. Si vous êtes perdus, vous trouverez aussi de l'aide ici. Bonne visite!

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Manteau d'étoiles



Bienvenue sur le blog haïku de Richard (alias Yamasemi), principalement consacré au haïku et au senryû, un style de poème court venu du Japon.

Découvrez mon itinéraire dans l'écriture, une présentation des Maîtres du haïku et mes propres haïkus et senryûs au fil des jours. Vous trouverez plus d'informations sur ce blog dans la page d'aide.

Vous pouvez si vous le désirez réagir sur chaque article en utilisant le lien "Ajouter un commentaire" et, si vous avez apprécié votre visite, vous pouvez aussi recommander ce blog.
25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 09:21
Image par courtoisie de WikipediaIl y a avait bien longtemps que je n'avais pas fait un sondage, ni partagé mes réflexions sur l'écriture du haïku.

Après six mois d'arrêt,  on me dit que mon écriture a encore évolué. C'est bien possible, il me semble en effet qu'elle est plus dépouillée qu'avant.  Cela dit, elle ne me satisfait toujours pas. Je trouve qu'elle manque encore de naturel, qu'elle ne va pas suffisamment de soi.

Je commence à percevoir un peu plus précisément ce qui fait la "saveur" caractéristique du haiku. Il me semble que c'est la conjonction judicieuse de deux images (parfois trois, mais c'est plus rare et plus difficile à écrire sans verser dans la "liste de courses").

L'extrême brièveté du haïku débarasse ces deux images de tout élément parasite et concentre l'attention du lecteur sur elles et sur les rapports qu'elles entretiennent.  Ce rapport fait la richesse du haïku. Il peut s'agir d'un rapport d'analogie, d'un glissement de sens subtil ou au contraire d'un antagonisme plus ou moins fort.

La juxtaposition des deux images ouvre en fait un espace plus ou moins vaste que le lecteur est supposé visiter. Il y  trouvera des résonances avec son vécu, sa culture, son histoire, et plus elles seront profondes, plus il appréciera le haïku en question.

Il ne s'agit donc pas, comme le font la plupart des générateurs automatiques de haïkus, d'écrire une ligne concernant la météo (pour avoir le fameux kigo, ou mot de saison), puis d'insérer une image de nature et de terminer par une seconde n'ayant strictement aucun rapport pour faire un haïku correct.

L'espace entre les images vient de l'oeil particulier du poète et de sa capacité à associer à ce qu'il voit une autre chose vue ou vécue. C'est aussi un domaine où je dois m'améliorer. Plus le regard est large, plus la conscience est vaste, et plus l'oeil peut embrasser un maximum de choses, dont une ou deux émergeront plus particulièrement pour donner naissance au haïku. Une petite conjonction de choses qui provoquera chez le haïjin une émotion, un serrement de coeur ou un sourire qui lui vaudra la peine d'être apprivoisé en quelques mots qui formeront le haïku.

Il faut pour cela rester ouvert, garder une innocence que décrit pour moi parfaitement ce que disait le grand réalisateur Kenji Mizoguchi : "il faudrait se laver les yeux entre chaque regard".

Garder cette innocence des yeux pour continuer à s'émerveiller et parler des nuages ou des hirondelles sans trop se répéter par exemple...

Ensuite, il s'agit de ne pas trop encombrer l'espace que l'on ouvre entre les deux images en imposant trop sa propre vision au lecteur. Il doit être libre de poser le regard où il veut. c'est ce qui fait la richesse du haïku . Il ne faut ni lui mettre des oeillères, ni l'empêcher de tourner la tête en quelque sorte. Il faut donc suggérer plutôt qu'imposer (Francis, si tu me lis ...)

Dans cette quête du regard panoramique et de l'expression floue, j'ai fait hier une petite expérience.

Je traversais le parc voisin du bureau quand j'ai croisé une graine volante flottant silencieusement dans le sous-bois. On peut y voir de multiples choses, depuis la simple analogie humoristique jusqu'à une métaphore de la condition humaine. Entre les deux ... un vaste espace. Typiquement ce qui me semble pouvoir faire un bon haïku.

Je note donc rapidement  : marchant sans but, je croise une graine volante, sans but elle aussi.

Le travail d'élagage commence. Marchant est inutile, on se doute que je ne vole pas, et "sans but" devrait suffire à suggérer une promenade. En outre, je me mets en retrait en utilisant le participe présent au lieu de la conjugaison à la première personne. La version initiale est donc:

sans but
croisant une graine volante
sans but non plus

Quelque chose me gêne. Ce "non plus" est un gros bouton sur le nez du haïku. Au bout de trois ou quatre relectures à mi-voix ,  je n'entends plus que lui. Il ferme trop, que ce soit au point de vue sens ou sonorité. Il dénonce trop lourdement l'analogie entre l'homme et la graine, il l'impose. Et il suffit de le lire à haute voix pour être gêné par ce "non plus" sur lequelle chute lourdement le tercet. Nouvelle version :

sans but
croisant une graine volante
sans but

Voilà qui me parait mieux. Mais à la réflexion, la construction en miroir me fait un peu tiquer. Il me semble qu'elle fait un peu trop "technique d'écriture" et surtout qu'elle insiste encore lourdement sur l'analogie homme-graine. Certes, c'est le décalage initial qui m'a donné envie d'écrire le haïku, mais n'est-ce pas un peu téléphoné?

A ce point, je suis un peu ennuyé, parce que les deux premières lignes me paraissent bonnes. Comment remanier la troisième, où tailler encore dans la matière?

Et si ... je la supprimais tout simplement? Cela ne fait que deux lignes, un "duilien" :

sans but
croisant une graine volante

L'intérêt est une ouverture maximum. Il y a juste le compte-rendu de l'instant. Libre à chacun d'y voir, d'y vivre sa propre expérience. Mais à force d'ouvrir l'espace du poème, ne vais-je pas carrément le désintégrer?

Il y avait eu récemment sur la liste haiku-fr un petit débat sur l'élagage dans l'expression, débat vif et animé dont l'humour n'était pas absent (certains commencaient même à élaguer les sigles ;-) La conclusion provisoire était qu'il ne fallait peut-être pas pousser le bouchon trop loin.

Certes, le minimalisme est un art difficile. Certains le pratiquent avec un grand talent, comme Marcel Peltier qui écrivait il y a un certain temps des perles comme celles-ci :

ciel dégagé -
l'unique étoile
du berger

Pas une syllabe de trop, et pourtant tout le ciel nocturne est là, avec Vénus pour l'éclairer. Tout est dans le choix des mots, une telle rigueur est le fruit d'une longue réflexion. Tout comme les pauses et silence en musique sont de la musique, il y a ici autant de poésie dans les silences que dans les mots qu'ils relient.

Depuis, Marcel a entrepris une recherche que l'on peut suivre sur son site Moments Ouverts à la Poésie Minimaliste (MOP) où il écrit ce qu'il appelle des "fragments", conscient sans doute qu'il suit un sentier qui n'est plus forcément celui du haïku.  Ces fragments brillent d'un éclat bien à eux et sont souvent des duiliens, même si -que Marcel n'hésite pas à s'exprimer sur cette remarque en commentaire- il arrive que le titre soit, me semble-t-il, une première ligne "déguisée" qui reconstitue le ternaire du haïku. Je vous conseille fortement d'aller lire ces fragments d'un art difficile, exigeant et courageux.

Alors, ma troisième version est-elle encore un haïku (je rappelle que l'écriture sur trois lignes n'est qu'une convention occidentale ignorée au Japon) ou un fragment?

Ce sera la question du jour. Quelle version préférez-vous et pourquoi?

A vous lire en commentaires!
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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 15:52
minutieusement
une fourmi explore l'arête
de mon nez
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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 22:00
Suite à mon billet du 16 juillet, vous avez été nombreux à m'envoyer des témoignages de sympathie, ce dont je vous remercie.

Certains expriment aussi des inquiétudes car leurs parents prennent de l'âge et le spectre de la maladie d'Alzheimer les effraie.

Je ne peux vous dire qu'une chose : le pire n'est jamais sûr. Tout le monde ne développe pas cette maladie en prenant de l'âge, heureusement. Toutefois, je peux ici partager mon expérience et vous aider, peut-être,  à déceler la maladie plus vite.

Il faut d'abord être clair : il s'agit d'une maladie dégénérative. Cela signifie qu'une fois le processus engagé, les zones lésées du cerveau sont irrémédiablement endommagées. Même si un traitement efficace était découvert et diffusé demain (ce qui n'est pas le cas), cela ne réparerait pas les zones du cerveau déjà atteintes. L'espoir d'une guérison et d'une récupération totale des facultés perdues est donc utopique.

Soyons tout aussi clair sur les traitements disponibles : ils sont peu nombreux et ne guérissent pas la maladie. Ils permettent tout au plus de retarder son évolution sans la stopper. Encore faut-il que la forme dont est atteint le malade soit sensible aux quelques médicaments disponibles. Ce n'est pas toujours le cas.

Vous l'aurez compris, cette maladie est encore mal connue : causes, mode de déclenchement... Elle est actuellement incurable. C'est pourquoi la recherche porte ses espoirs sur la mise au point d'un vaccin, ce qui est évidemment très long.

Découvrir le plus tôt possible l'apparition de la maladie est le meilleur moyen d'essayer de retarder son évolution.

Ce n'est pas facile pour plusieurs raisons :
  • les premiers symptômes sont souvent anodins et précèdent de plusieurs années le déclenchement franc de la maladie
  • il n'est pas toujours facile de réaliser l'évolution insensible d'un de se proches vers la maladie
  • il est encore plus difficile de l'admettre, sutout quand on est très proche de la personne (conjoint, enfant ...)
Toutefois, voici des symptômes qui peuvent vous alerter et vous amener à vous poser des questions :
  • une déprime qui s'éternise, et ce sans raison
  • une soudaine peur des autres et du monde extérieur. Typiquement, ma mère a cessé de conduire pratiquement du jour au lendemain par peur du comportement des autres conducteurs, alors qu'elle était auparavant très fonceuse.
  • d'une manière générale, une attitude de renfermement, de repli sur soi. Ma mère s'était ainsi mis à fermer toutes les portes à clé, à baisser les stores ...
Ces premiers symptômes semblent bénins, ils ne sont pas à eux seuls révélateurs, mais précurseurs. Un choc émotionnel tel que celui-ci peut alors déclencher l'apparition de symptômes plus caractéristiques :

  • la personne reste "scotchée" sur un événement qui l'affecte plus que de raison, alors que tout va bien. Ainsi, ma mère restait obsédée par les attentats du onze septembre alors que j'étais rentré sain et sauf. Six mois après, elle en parlait encore comme si cela venait d'arriver.
  • la personne est de plus en plus "absente", presque transparente, comme si elle ne touchait plus tout à fait terre. L'impression dominante est que le malade est en train de prendre doucement congé de ce monde. Cela m'avait frappé le jour de mon mariage. J'avais eu l'impression de remonter l'allée centrale de l'église presque seul ... Ce jour-là, j'ai su que quelque chose clochait.
  • Puis, viennent les fameux trous de mémoire, surtout  pour le passé immédiat.
  • On constate une perte d'intérêt progressive pour la plupart des activités autrefois favorites
  • Puis viennent les premières incohérences dans les conversations. Au début, elles provoquent un léger flottement, on pense à une incompréhension ponctuelle. Progressivement, les interventions hors de propos ou à retardement se multiplient, créant une certaine gêne dans la conversation. C'est généralement à ce moment que la famille ou les amis témoins de la chose réalisent qu'il y a problème et alertent les proches.
A ce stade, il serait idéal de consulter. Malheureusement, ce n'est pas toujours facile. Les proches refusent souvent de voir la réalité en face et invoquent une grande fatigue ou une anémie. Il n'est pas facile d'admettre qu'un conjoint, un parent est en train de développer cette maladie. La connotation "maladie mentale", donc folie ou déchéance, est très difficile à admettre. Quant au malade, il est généralement dans le déni complet et ne veux pas entendre parler de consultation ("Je ne suis pas dingue!")

Ce stade peut se prolonger un certain temps (environ deux ans chez ma mère). Et puis vient un jour la première crise incontestable qui va signer la maladie. Ce peut être une perte brutale de certaines facultés ou, comme chez ma mère, une fugue. Le déni n'est alors plus possible. C'est alors la consultation, la pose du diagnostic.

A partir de là, il ne reste plus qu'à s'armer de courage. La maladie évolue par poussées successives, entrecoupées de périodes où elle semble ne plus trop évoluer.

Le plus dur est d'accepter l'inacceptable. Accepter de voir ma mère, qui m'a tant appris, tant donné, descendre inexorablement.

Je vais à nouveau être clair, et très dur. Il peut y avoir des jours où le malade semble aller mieux. Au début, on se prend à espérer que ce soient les effets du traitement, et rêver à une guérison. Navré, mais ce n'est pas le cas. Le lendemain, on peut retrouver le malade dans le même état qu'avant, voire pire. A chaque fois, je sortais des visites chez mes parents démoli pour trois jours. Le temps de comprendre, et  d'accepter l'inévitable.

Si par malheur la maladie se déclare chez l'un de vos proches, il n'y a plus qu'à s'armer de patience et surtout d'amour. Les malades sentent ce qui leur arrive, en sont conscients, même s'ils ne l'expriment pas forcément et en souffrent. La première des choses dont ils ont besoin, c'est d'amour. A bien des égards, ils vont progressivement se retrouver aussi démunis que des enfants en bas-âge. Ils ont donc besoin d'être rassurés, sécurisés, aimés.

L'amour est la meilleure chose que vous puissiez alors leur offrir.

berçant doucement
ma mère qui s'assoupit
à l'ombre du chêne
je me demande depuis quand
je n'ai pas vu ma mère

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 08:30
psssschuit !
le bûcher de la phalène
- fatale ampoule
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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 08:30
dimanche matin -
l'assemblée des pies répond
aux grincements des portes
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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 23:51
Marlou me disait qu'elle aimait mes deux derniers haïkus parlant des nuages. Je l'ai déjà dit ailleurs, les nuages me fascinent, et je ne suis toujours pas satisfait de la manière dont j'en parle. Ils sont si changeants, dans leur forme comme dans leurs couleurs, et en plus il se déplacent !

Non, décidément je ne suis pas près d'en avoir fini avec eux.

aveuglantes
les boursouflures des nuages
coutûrent le ciel
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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 07:46
Depuis que je n'écrivais plus, de nombreux sites amis ont vu le jour, en particulier des blogs. Je constate d'ailleurs avec plaisir que certains ont repris la dénomination de "blog haïku" ou "haïku blog" qu'il me semble bien avoir inauguré avec Manteau d'étoiles.

Le formalisme du blog se prête bien au haïku. Le mécanisme des commentaires et des rétroliens permet une interactivité et une convivialité absente des sites classiques, qui doivent se contenter de mettre à disposition un livre d'or qui paraît bien figé désormais quand on peut réagir sur chaque article d'un blog avec une souplesse incomparable.

J'ai donc mis à jour ma liste de liens (les blogueurs disent "ma blogroll", c'est la liste "Ami(e)s & Haïkus" à gauche du blog) et j'ai décidé de créer une nouvelle catégorie "D'autres étoiles"  pour vous faire découvrir mes blogs haïkus ou sites favoris.

On commence donc aujourd'hui par Cesar et son bazar, le blog de Jean-Claude César.  Amoureux du soleil et de l'Orient, ne manquez pas la visite du bazar. On y trouve pêle-même (c'est un bazar!) des haïkus bien sûr, y compris sur des cartes (demandez au patron du bazar s'il en reste), mais surtout de la chaleur et de la convivialité.

On peut y laisser un haiku aussi, voire passer un peu de temps au bazar, puisqu'il accueille aussi les amis le temps d'un rêve, d'une visite au souk avec Amel ou le temps d'observer les oiseaux avec Anna et bien d'autres encore.

Un blog méditerranéen et solaire, débordant de lumière, de chaleur, d'amitié et de parfums dont je recommande la visite à tous les amoureux de la vie, tout simplement !

Allez, rendez-vous au bazar pour un thé à la menthe, tous les jours le patron ouvre son coeur.
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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 14:27
L'été peine décidément à s'installer. Le ciel change d'aspect plusieurs fois par jour et la température joue au yo-yo. Moi qui aime l'été, le franc et bel été avec un ciel bleu profond et un soleil triomphant, je ronge mon frein.

Les nuages dominent encore les débats aujourd'hui, toutefois le soleil vient de faire un petit coup de force.

rayon de soleil -
les nuages s'émiettent
ma somnolence aussi

Les prévisions annoncent l'arrivée d'un temps estival stable la semaine prochaine. Espérons ...
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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 21:15
brise nocturne -
des montagnes de nuages
escaladent le ciel
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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 13:41
Dimanche,  je suis retourné voir ma mère.

Il m'a fallu trois jours pour digérer cette visite et écrire ce billet. J'avertis mes lecteurs que les senryûs qui accompagnent ce récit pourront mettre mal à l'aise. Ils sont le reflet de ce que j'ai vu, ni plus ni moins, et de mon propre malaise.

Contrairement à la semaine dernière, le temps était plutôt maussade. Pas question dans ces conditions d'une promenade dans le parc.

J'ai trouvé tout de suite ma mère dans la salle commune du rez-de-chaussée.  Cela m'a fait un choc. D'ordinaire, ma mère est chez elle, et même si elle a perdu une grande partie de ses facultés, elle est dans un décor familier, elle reste quoi qu'il arrive la maîtresse de maison. Rien de semblable ici. Dans son fauteuil roulant, les yeux dans le vague et tripotant de manière convulsive son corsage, elle n'était plus qu'une patiente parmi d'autres.

salle commune
tous ces vieillards anonymes
parmi eux ma mère

Je suis allé m'asseoir à côté d'elle. C'était une expérience peu plaisante. Les personnes qui  m'entouraient étaient plus ou moins en possession de leurs moyens. Il n'y avait pratiquement que des femmes, ce qui confirme leur espérance de vie supérieure à la nôtre. Il n'y avait qu'un homme, encore capable de marcher. Légèrement voûté, un sourire de gamin expiègle aux lèvres, il était assis sur une chaise, les mains jointes comme s'il ne savait quoi en faire. Lui au moins avait l'air heureux de son sort, au point de nous offrir le seul sourire de l'après-midi.

seuil du réfectoire -
il entame un pas de danse
avec l'infirmière

Les autres patientes étaient en majorité clouées à leur fauteuil roulant, certaines pouvant se déplacer, d'autres non.

Maman me serrait la main à la briser, elle m'avait reconnu bien sûr. Je lui ai raconté les dernières nouvelles de la famille. Autour de nous, certaines patientes nous fixaient avec une insistance gênante. Il y avait un peu de tout, ce qui rendait l'ambiance assez pesante.

souriant aux anges -
sous le fauteuil roulant
une flaque

De temps en temps, un souvenir d'un passé éloigné remontait à la surface

maison de retraite -
elle s'éveille et entame
une vieille romance

Un peu plus loin, une dispute éclata entre deux dames qui conversaient jusque là tranquillement.

maison de retraite -
deux petites vieilles s'engueulent
en se vouvoyant

Deux aides-soignantes réalisant mon malaise vinrent gentiment discuter avec moi. Elles s'occupent régulièrement de Maman et me rassurèrent sur son état.  Elles ont une grande habitude de la maladie d'Alzheimer et du désarroi des familles. Leurs paroles me réconfortèrent.

Regardant autour de moi, je réalisai qu'à bien des égards, une maison de retraite ressemble à une crèche. Dans les deux cas, on y prend soin de personnes dépendantes demandant avant tout de l'amour. Du reste, lorsque je demande des nouvelles de Maman à Papa,  il emploie pratiquement les mêmes mots que moi pour parler de mes enfants. Malheureusement, l'évolution des uns et des autres ne se fait pas dans la même direction ...

maison de retraite -
au mur les photos du dernier goûter
comme à la crèche

Maman ne communiquait pratiquement plus que par la pression de sa main sur la mienne. Et je me surpris à une étonnante inversion des rôles.

pour réconforter
ma vieille mère malade
- des gestes de père

Vieille. Un mot que je n'aurais jamais pensé associer un jour à ma mère tant elle était demeurée jeune d'esprit et fonceuse avant le déclenchement de cette satanée maladie. Un mot et une réalité que je dois à présent accepter. La maladie évolue, impitoyablement.  La différence avec l'an dernier, lorsque mon père avait pris du repos pour la première fois, est flagrante. Il y  a un an, j'écrivais :

chambre 509
son nom sur la porte
Maman

chambre 509
elle y dort paisiblement
Maman

chambre 509
dans sa tasse de thé
les reflets du passé

Pourrait-elle encore cette année boire seule une tasse de ce thé qu'elle aime tant?

Et puis vint l'heure du dîner, et je dûs prendre congé. J'étreignis ma mère, qui me le rendit bien, et je dûs partir, le coeur lourd.

crépuscule -
sa peau sent toujours les fleurs
Maman

En rentrant, je passai non loin de la rivière de mon enfance, une rivière qui coule au pied de l'hôpital où Maman avait été traitée pour une embolie pulmonaire.

la brume sur la rivière
y retrouverai-je
la raison de ma mère?

En dépit de la gentillesse et de la compétence indéniables du personnel de cette maison de retraite, je mesure à quel point cette fin de vie n'est déjà plus tout à fait la vie. Je rentrai chez moi un peu déphasé. Je retrouvai ma femme et mes enfants si pleins de vie, et j'eus le sensation de m'éveiller d'un mauvais rêve.

Je le répète : je ne souhaiterais pas cette maladie à mon pire ennemi.

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