tous les jours se ressemblent
seule la couleur change
deux corneilles continuent
de croasser
tiens, un moucheron
oups, mauve!
Ce blog est né d'un haïku. Le voici ...
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Dans ma série sur l'orage il y a deux jours, Anna, Marcel et Philippe ont unanimement préféré le
dernier.
C'est un haiku assez sombre, en accord avec le temps gris, humide et frais qui sévit également aujourd'hui. Curieusement, ce temps m'avait rappelé cette strophe de Henry Longfellow:
(Longfellow, A Psalm of Life, in Voices of the Night)
Cette strophe m'avait frappé lorsque je l'avais entendue pour la première fois au lycée. Charles Baudelaire s'en était
largement inspiré pour un passage d'un poème des Fleurs du Mal:
(Baudelaire, Le Guignon)
La traduction/adaptation de Baudelaire m'avait parue assez lourde, mais l'original m'était tombé dans l'oreille et n'en était jamais ressorti. Curieusement, le poème de Longfellow est assez
optimiste, c'est la réponse d'un jeune homme plein d'espoir à un vieux psalmiste désabusé et fatigué de la vie. Mais la strophe extraite par Baudelaire, isolée de son contexte, est glaçante.
Sans doute est-ce ce temps maussade et déprimant, après une semaine de plein été, qui me l'a remise en mémoire et inspiré du même coup le haiku qui a frappé mes trois amis.
Senteurs de serpolet
cris de corneille
L'immédiat
n'est que bruit de torrent
Des hommes souffrent
et j'écris des haïkus du silence !
L'arc de bruits
les tondeuses dévorent
J'entends tronçonner et rire
un sapin tombe
Ces quelques exemples donnent une idée de ce qui vous attend sur ce site que je vous encourage vivement à visiter. Je n'en dirais pas plus, on ne disserte pas sur le silence, il faut l'éprouver par soi-même, goûter sa saveur délicate.
Les fragments de Marcel portaient autrefois un titre. Bien qu'écrit après le fragment qu'il chapeautait, je trouvais que ce titre ressemblait parfois à une "première ligne" deguisée qui reconstituait ainsi le ternaire du haïku. Depuis le fragment 1171, Marcel a supprimé le titre, et seul reste le fragment dans sa force pure. Je vous le répète, allez lire Marcel. Vous en reviendrez étonnés, troublés, peut-être un peu déstabilisés, mais pas indifférents.